parents : passer aux jouets non-genrés pour initier à l'égalité
La question des jouets non-genrés a pris une ampleur considérable ces dernières années. Elle devient un réel enjeu de société qui nous concernant tous. Le Sénat réagit et sensibilise aux conséquences du marketing de genre, bien ancré dans notre consommation.
Le jouet a une grande influence sur la construction de l'identité de l'enfant et sur ses apprentissages.
La séparation entre filles et garçons selon les caractéristiques des jouets engendre d’importantes conséquences, qui sont vectrices d’inégalités :
1 : les jouets sont à l’origine d’« injonctions » identitaires contraires à l’objectif d’égalité entre les sexes ;
2 : les stéréotypes qui caractérisent les jouets contribuent à limiter le champ de l’orientation professionnelle des filles. Ils aggravent potentiellement les inégalités professionnelles contre lesquelles la délégation souhaite lutter.
- L’enfant et sa vision du genre, selon l’âge
Durant les premières années de sa vie, l’enfant pense que le sexe est déterminé par des indices socio-culturels (longueur des cheveux, vêtements, jouets, etc.). C’est ce qui est appelé la « phase égocentrée ». Sachez qu’à ce stade, l’enfant pense que l’on peut changer de sexe selon les situations,
“et qu'il suffit à un garçon de mettre une robe pour devenir une fille. Il n'y a pas de « permanence du sexe ».
L’enfant est à la fois observateur et conformiste durant cette phase où il ne perçoit pas le sexe comme un fait biologique.
2. La construction sexuée prend fin entre 5 et 7 ans
L’enfant intègre alors que le sexe est déterminé de manière biologique et stable à travers les situations.
L’enfant va construire et façonner ses connaissances sur l’identité du genre, en observant son environnement.
C’est un fait profondément ancré dans notre société. En effet, les comportements les plus souvent effectués par le petit garçon et les moins souvent effectués par la petite fille, deviennent des comportements étiquetés comme masculins. Et vice-versa. Le Sénat a soulevé un point important dans sa prise de position :
“Les jouets, les personnages fictifs (...), la publicité et tout ce qui contribue à la représentation de la réalité, comptent énormément dans la socialisation de l'enfant.”
Prenons l’exemple des tâches ménagères, et plus particulièrement de la vaisselle, qui est typique, voire cliché. Même si, en tant que parent, vous répartissez la vaisselle équitablement dans votre couple, les enfants observent que cette tâche domestique est présentée comme féminine dans les livres et jouets qui leur sont destinés. Même si la réalité qu’ils observent au sein de la famille est différente, les enfants peuvent être conduits à considérer la vaisselle comme une activité féminine.
Les fabricants de jouets reconnaissent l’importance du jouet dans le développement psychologique ou cognitif de l’enfant. Les sociologues considèrent également les jeux comme des instruments d’apprentissage et de développement des compétences déterminants.
3. L’évolution d’apprentissage technique est différente selon le genre
En tant que parent, vous avez dû remarquer que dans les catalogues de jouets, les jeux de filles sont pour la plupart autorisés à partir de trois ans. Cependant, ils ne proposent pas d’évolution de compétences par la suite. De ce fait, les compétences des filles sont figées très tôt.
En revanche, pour les garçons, il existe un apprentissage technique. Les jouets sont d’une complexité croissante, avec des distinctions marquées selon les âges. Le constat est donc que la technicité s’apprendrait à travers les jeux des garçons, auxquels les filles ont peu accès.
La segmentation marketing des jouets ne permet pas aux filles d'accéder à certains apprentissages : elle est donc porteuse d'inégalités.
4. Enjeu sociétal : stop aux jouets genrés
Le gouverneur de l’État de Californie a signé début octobre une loi engageant les grands magasins de jouets à mettre en place d’ici à 2024 des rayons de jouets «non genrés». En France, le ministère de l’Économie avait fait signer en 2019 une charte à tous les acteurs de la filière jouet pour lutter contre le marketing genré.
Certaines marques agissent déjà : le géant du jouet danois se positionne et supprime les stéréotypes de genre !
5. Lego classe ses jouets par thèmes, et non plus par sexe !
Cette décision a été prise suite à une vaste étude menée auprès de 7.000 parents et enfants âgés de 6 à 14 ans. Parents, nous attirons votre attention sur le résultat fort de cette étude : 71% des garçons interrogés craignent d’être la cible de moqueries s’ils jouent avec des jeux dits «pour filles».
Et vous parents, qu’allez-vous leur acheter à Noël ?
PS : le saviez-vous ? Dans l’édition 1975 du catalogue des magasins Sears, moins de 2 % des jouets sont explicitement présentés comme s’adressant aux garçons ou aux filles. De quoi s’interroger…
Si vous avez des doutes en tant que parent ou professionnel de l’Enfance et souhaitez réagir, n’hésitez pas à nous contacter. Chez My Family Up, nous proposons des techniques et outils simples et pratiques pour aider enfants et adolescents à libérer leur parole.