“Loris (1 an) va bien. Il vit le confinement bien car il est avec ses deux parents. Nous essayons au maximum de jouer avec lui, d’aller un peu sur la terrasse pour qu’il prenne l’air.  Le soucis c’est que moi, je suis dans le médical , je suis d’astreinte certains jours donc c‘est papa ou nounou qui le garde. Après la crainte, c’est le après-virus ! Comment va-t-on faire pour se prémunir de ce virus ? Quelles règles seront mises en place quand les enfants seront à nouveau réunis ? Au moindre rhume, toux, nous allons psychoter. Loris ne capte rien car il est trop petit mais, nous lui expliquons que nous sommes ensemble pour un long moment et que nous allons nous amuser longtemps. Le fait que je sois en première ligne en tant que secrétaire médicale ça m’a mise en colère au départ car aucune règles n’avaient été mise en place pour nous protéger.  C’est grave ce qu’il se passe et je veux le plus possible protéger ma famille et surtout mon fils de tout ça.”

 

Le décodage du psy :

Mélanie, la maman, continue d’être d’astreinte et donc au travail. L’enfant peut ne pas comprendre du tout ces “nouveaux aménagements” du quotidien, notamment parce que le père est à la maison, mais que la mère n’y est pas. 

 

Le rôle important de la nounou :

La nounou joue un rôle important de régulation. Le lien construit avec cette figure d’attachement peut se révéler capital notamment si la maman est inquiète et stressée. En effet, les enfants sont des éponges émotionnelles et l’anxiété ressentie par cette maman peut être mal interprétée ou mal perçue par l’enfant.

En psychologie on dit que le stress de l’enfant va se “fixer” sur un objet ou une personne. Dans ce cas, il est important que le lien avec la nounou soit maintenu car le risque serait que, comme papa est à la maison, qu’il “garde” l’enfant par souci d’économie, au détriment d’une forme de stabilité émotionnelle. 

Que peut faire cette maman ? D’abord, elle est exposée en première ligne et fait partie du corps médical, donc elle a pleinement conscience du risque lié à une infection du virus, donc il est tout à fait normal qu’elle soit anxieuse ou stressée.

 

 L’importance des mots pour les enfants

Par contre, dire à son enfant qu’ils sont ensemble pour un long moment et qu’ils vont bien s’amuser ce n’est pas le plus adapté pour rassurer le petit ou la maman (d’ailleurs c’est elle qu’elle rassure). 

Expliquer que le temps de travail est réorganisé pour maman oui, mais tous ensemble à la maison ne veut pas dire « bien s’amuser ».

L’enfant risque d’associer Papa+Maman à la maison = bien s’amuser = donc « je veux toujours papa et maman à la maison ».

 

Le ressenti des parents et leur rôle crucial

La colère est normale face à cette situation et dans son cas. Elle a une fonction salutaire : celle d’éviter la tristesse. Le témoignage de cette maman traduit combien au plus profond d’elle même elle est triste de devoir quitter son foyer au bénéfice des autres. 

Cette femme est courageuse à plus d’un titre car, elle se bat pour une stabilité, pour un équilibre (des choses, d’elle-même, de son quotidien…) sans se laisser sombrer dans le désespoir.

Son risque est que son enfant devienne son “objet contraphobique”, sa bouée de sauvetage. Si elle n’explique pas à son bout de chou combien la situation est exceptionnelle et combien il est normal pour elle de s’inquiéter, le risque est de développer dans les semaines à venir une forme d’instabilité de son humeur et de ses comportements qui seront vus par l’enfant et donc appris par lui.

Ici il est important que le papa affiche une figure de stabilité et de réassurance auprès de l’enfant.

 

Par Marie-Françoise Bertrand, Psychologue Clinicienne et Présidente My Family Up

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